L’amour, comme réflexion universelle, soulève et révèle un large éventail de questions. En effet, les relations interpersonnelles – qu’elles soient romantiques, amicales ou sexuelles – portent en elles certains codes sociaux qui soulèvent des questions sur les privilèges : comment sommes-nous supposés penser, ressentir, aimer?
Extra.Collective souhaite explorer la question du lien et des discriminations qui y circulent pour ouvrir le débat sur les multiples formes d’affinités qui s’en affranchissent, là où l’amour émerge comme une force créative et révolutionnaire. Alors même que certains services capitalisent sur l’économie de la proximité, d’autres se voient complètement restreints par des politiques gouvernementales sur les corps et les libertés. Quels sont les gestes, les discours et les résistances possibles face à cette marchandisation des affects? Souhaitant ardemment donner vie à toutes ces questions et leur insuffler la vulnérabilité et la force qu’elles méritent, Extra.Collective aspire à créer un espace mettant en valeur les notions de communautés choisies, de foyer et de soins interpersonnels.
Pour ce faire, nous souhaitons donc interroger les artistes invités ainsi que leur public à examiner les dimensions intimes et politiques qu’iels entretiennent avec l’amour. Nous sommes convaincues qu’un sujet aussi large et à la fois précis peut donner lieu à des créations toutes plus riches et différentes les unes des autres et que la rencontre de ces narrations éclatées donneront place à des vernissages touchants et mémorables.
La crise et la quête effrénée de réussite dans un système à bout de souffle qui remanie les notions d’amour et d’engagements et fragilise ainsi considérablement notre rapport aux autres. Ces cycles d’expressions amoureuses se voudront queer, safe, décoloniales et souhaitent pouvoir être des espaces de confiances pour les artistes.
Much Love <3
Tati & Vano pour Extra.Collective
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Extra.Collective c’est la rencontre de Tara Ulmann, alias Tati et Vanessa Cimorelli, alias Vano, deux artistes et curatrices ayant grandi à Genève. L’une de parents iraniens-franco-algériens et l’autre d’origine italienne. Tara a étudié la photographie et les arts visuels à l’ECAL tandis que Vanessa a étudié le graphisme, la littérature et les sciences sociales pour ensuite se spécifier en études curatoriales à la HEAD. Tout a commencé autour d’un verre et les choses se sont très vite enchaînées; leurs vies, leurs héritages culturels chaotiques et révoltants et tout ce qui en résulte aujourd’hui. Elles ont parlé de guérison, de tarot, de terrains extraordinaires comme espace de résilience. Mais aussi d’amour, celui qu’on pense nommer avec un grand A, celui qu’on a jamais reçu et celui qu’on recrée maladroitement dans des sentiers déjà bien battus.
C’est ainsi qu’elles ont pensé l’amour, au centre de leur pratique, de leur vie et de leurs questions. L’amour comme un espace communautaire et sans frontière. De cette étincelle et cette spontanéité naît une volonté de construire et créer ensemble vers un avenir radieux envers et contre toute peine.
Tara, de son paysage culturel, a développé sa pratique au travers de questions transculturelles et identitaires, d’héritages culturels et d’écriture de l’intime sous un prisme décolonial. Elle a su développer ses idées par le biais de la sculpture et l’installation et se lance aujourd’hui dans le domaine de la performance comme mise en tension de ces textes poéticothéoriques queer et qu’elle qualifie d’anti-académique. À l’aube de l’obtention de son master, elle intègre l’équipe de l’artiste run-space one Gee in Fog et ancre sa pratique dans une direction plus curatoriale et théorique. Vanessa, nourrie par son amour pour les mots, s’est laissée explorer divers champs au sein de ses études. Appréciant la recherche, mais critiquant le manque créatif au sein des institutions et leur manque d’approches expérimentales, elle se consacre aujourd’hui pleinement au domaine artistique. Ses méthodes cherchent à repousser les frontières des codes narratifs conventionnels. Elle aime explorer les territoires de la fiction, du fantastique et de la poésie. À travers des interventions textuelles, elle tente de déplacer le langage politique, social et académique, offrant ainsi une perspective nouvelle sur nos réalités. Les questions de corporalité, du virtuel et de l’autofiction tiennent une place prépondérante dans la mise en récit de ses espaces intimes. En parallèle, elle a rejoint l’équipe de La Becque | Résidences d’artistes en tant que curatrice pour y travailler sur les thèmes de la nature et des technologies.
Extra.Collective est née donc comme ça, comme une bombe d’amour. Extra en numérologie renvoie au chiffre trois. Celui de l’expression, de la communication et du succès artistique et littéraire. C’est celui qui aime donner ce qu’il a, sans jamais attendre en retour. Notre union et nos projets se marient ainsi, sur un coup de foudre détonnant de mysticisme et chargé de rêves. Extra.collective, souhaite à son tour, créer/offrir des rencontres étonnantes et permettre à la jeune scène artistique de pouvoir explorer leurs pratiques sous l’oeil de l’union et de l’amour à l’ère contemporaine. Après la pandémie, les domaines des arts visuels ont observé des changements radicaux en termes de thématiques et de volonté d’expression. Nous observons une sensibilité explosive que nous souhaitons mettre en tension au sein de l’espace TOPIC.
Avides de challenges et d’expériences, nous avons comme objectif de réunir des artiste.x.s de divers horizons culturels et de les inviter à s’exprimer sur leurs propres expériences de l’amour par le biais de leur pratique. Un sujet général, mais qui, conceptuellement, propose une réflexion riche sur des idées de genre, de races et de contextes sociopolitiques. Gisèle Vienne a affirmé lors de sa conférence au dernier Master Symposium de l’ECAL, « [qu’on] a plus le temps de s’aimer en 2023 et encore moins de baiser ». Alors, si l’amour et le temps sont en constante tension et représentent deux valeurs à la fois symbiotiques et antithétiques, nous nous portons fièrement garantes d’une quête désespérée!
À la recherche d’un temps perdu, nous proposons de mettre le monde mécanique en pause l’espace d’un instant et d’inviter à la contemplation les émotions et les sentiments les plus abstraits et innocents qui soient.